Bienvenue sur AlCanal

Découvrez un univers culturel riche et varié au travers de nos articles, vidéos et interviews. Plongez-vous dans la diversité artistique et intellectuelle qui fait la beauté de notre monde.

Nous avons l'art afin de ne pas mourir de la vérité.

F. Nietzsche

 

Najib Ghallale

ÉDITO - Coup de gueule

 

Un paysage culturel fragmenté, reflet d'une Belgique complexe

La fragmentation des compétences culturelles en Belgique est à la fois une richesse et un défi. Elle permet une expression culturelle de proximité, mais elle complique l'élaboration d'une vision cohérente. Je constate que cette fragmentation peut entraîner des disparités de soutien entre les différentes communautés, affectant la vitalité de la création artistique.

Les visions politiques à l'épreuve de la réalité artistique

  • La gauche et l'accès à la culture :
    • L'idéal d'un accès égalitaire à la culture est louable, mais il se heurte parfois à des réalités pratiques. Par exemple, les politiques de démocratisation culturelle se concentrent-elles suffisamment sur la qualité des expériences artistiques proposées ? Un accès élargi ne doit pas rimer avec une uniformisation ou un nivellement par le bas.
    • En tant que critique, je me demande si le soutien public est toujours attribué de manière à encourager la prise de risque et l'innovation artistique. Ne risque-t-on pas, parfois, de privilégier les institutions établies au détriment des jeunes créateurs et des formes d'expression émergentes ?
  • La droite et l'économie de la culture :
    • L'accent mis sur les industries culturelles et créatives est pertinent, mais il ne doit pas occulter la valeur intrinsèque de la création artistique. En tant que critique, je suis préoccupé par le risque de voir la culture réduite à une marchandise, soumise aux seules lois du marché.
    • La valorisation du patrimoine est essentielle, mais elle ne doit pas se faire au détriment de la création contemporaine. Il est crucial d'investir dans les artistes d'aujourd'hui, qui seront le patrimoine de demain.
  • Le centre et l'équilibre précaire :
    • La recherche d'un équilibre entre soutien public et autonomie financière est un exercice délicat. En tant que critique, je constate que les politiques culturelles centristes manquent parfois de vision claire et de courage politique.
    • Les politiques ayant pour but de lier la culture et l'éducation, sont un bon point, mais il est primordiale de ne pas tomber dans un enseignement de la culture trop scolaire.

Les défis contemporains, reflets des mutations de la société

  • La révolution numérique :
    • Le numérique offre des opportunités formidables pour la création et la diffusion de la culture, mais il pose aussi des défis considérables. En tant que critique, je suis attentif à la manière dont les partis politiques envisagent de protéger les droits des artistes à l'ère numérique.
    • La régulation des plateformes, et des intelligence artificielles, sont des points de discussion qui ne peuvent être mis de coté.
  • La diversité culturelle :
    • La diversité est une richesse, mais elle nécessite une politique culturelle inclusive et ouverte. En tant que critique, je me demande si les partis politiques sont suffisamment attentifs à la représentation des différentes cultures au sein des institutions artistiques.
  • La crise de la Covid-19 :
    • La crise a révélé la vulnérabilité du secteur culturel, mais elle a aussi mis en évidence son importance vitale. En tant que critique, j'espère que les partis politiques tireront les leçons de cette crise et qu'ils investiront durablement dans la culture.
  • Les élections de juin 2024 :
    • Le moment électoral à remis au centre des débats, l'importance des moyens mis à dispositions des acteurs culturels.
    • Il est important que les citoyens gardent en mémoire les promesses faites, et qu'ils se rappellent que les acteurs culturels sont des éléments essentiels à la société.

Un appel à une politique culturelle ambitieuse

En conclusion, la Belgique a besoin d'une politique culturelle ambitieuse, qui reconnaisse la valeur intrinsèque de la création artistique, qui soutienne la diversité des expressions culturelles et qui prépare l'avenir du secteur culturel. En tant que critique, j'appelle les partis politiques à dépasser les clivages idéologiques et à œuvrer ensemble pour construire un avenir culturel riche et vivant.

 

 

  • Nos articles
  • No vidéos

 

La rubrique Coup de coeur de cette première édition fera honneur à trois amis artistes bruxellois que j'apprécie particulièrement, Noon, Manza et Rachid Benbouchta, respectivement cinéaste, poète urbain et comédien.

 

Le rubrique Coup de pouce sera dédiée à un(e) jeune artiste émergent(e).

 

  • Nos critiques
  • Nos recommandations
  • Infos pratiques

 

 

La vie culturelle

 

Lien vers notre chaîne YouTube.

 

Armand Gatti 

L'art comme un marteau, l'art comme une flamme

 

Hommage à Armand Gatti, l'homme qui a fait de l'art une arme contre l'oubli et la barbarie.

Il était mon maître, mon père spirituel, mon inspirateur. De son vrai nom "Dante", il a choisi "Armand" après-guerre pour signer ses articles dans "Le Parisien libéré".

"Nous avons l'art afin de ne pas mourir de la vérité." Cette sentence de Nietzsche, que Gatti aimait tant citer, prend tout son sens lorsqu'on se penche sur son œuvre monumentale et protéiforme. Car cet homme, résistant, journaliste, poète, dramaturge et cinéaste, a traversé le XXe siècle et ses tragédies en brandissant l'art comme un bouclier, comme un étendard.

Des camps de concentration aux guérillas d'Amérique latine, des luttes ouvrières aux révolutions oubliées, Gatti a donné voix aux sans-voix, aux opprimés, aux relégués de l'histoire. Son œuvre, foisonnante et intense, est un témoignage incandescent des combats du siècle dernier. Il a su, avec une puissance rare, transformer la douleur en poésie, la violence en beauté, et la mort en un hymne à la vie.

"L'art ne doit pas être un miroir, mais un marteau", disait Brecht. Gatti a manié ce marteau avec la force du désespoir et la tendresse d'un père. Il a brisé les miroirs complaisants, les illusions confortables, pour nous confronter à la vérité crue du monde. Mais il nous a aussi offert, par l'art, la possibilité de transcender cette vérité, de la sublimer, de la transformer en une force de résistance et d'espoir. Car l'art, chez Gatti, n'est pas une fuite face à la réalité, mais une arme pour la combattre. C'est un espace de liberté où l'imagination peut se déployer, où les frontières entre le réel et le fictionnel s'estompent, où la parole se libère des carcans de la censure et de l'oppression.

Comment ne pas être bouleversé par la puissance poétique de "La Passion du Général Franco" ? Comment ne pas être saisi par la force du témoignage dans "Chant public devant deux chaises électriques", inspiré par l'affaire Sacco et Vanzetti ? 

Gatti, c'est aussi l'homme de "V comme Vietnam" qui dénonce l'horreur de la guerre. Son œuvre, foisonnante et engagée, est un appel à la vigilance, un cri contre l'oubli, une ode à la liberté.

L'œuvre de Gatti est un héritage précieux, un appel à la résistance par l'art. C'est une invitation à ne jamais baisser les bras face à l'injustice et à la barbarie. C'est cet héritage que je souhaite honorer et transmettre, en tant que fils spirituel de cet homme qui a tant marqué ma vie.

Merci, Dante, pour ton enseignement, ton accompagnement et ton inspiration. Ta voix continue de résoner en moi, et ton œuvre continuera d'inspirer les générations futures.

Repose en paix, mon ami, mon frère.

Pour en savoir plus sur Armand Gatti :

 

 

Henry Ingberg : Architecte majeur de la politique culturelle en Fédération Wallonie-Bruxelles

 

Henry Ingberg (1945-2007) fut bien plus qu'un haut fonctionnaire. Il était un visionnaire, un bâtisseur et un passionné de culture, dont l'influence a profondément marqué le paysage culturel de la Communauté française de Belgique.

Un parcours éclectique et engagé

  • Formation et débuts :
    • Docteur en droit de l'Université libre de Bruxelles, il était également diplômé du Centre d'études théâtrales de l'Université catholique de Louvain-la-Neuve, où il a aussi enseigné la gestion des institutions culturelles.
    • Passionné de théâtre, il a collaboré avec Armand Gatti, une expérience qui a sans doute façonné sa vision de la culture comme vecteur d'engagement et de transformation sociale.
    • Son entrée à l'Administration de la Culture en 1972 marque le début d'une carrière entièrement dédiée au service public culturel.
  • Artisan de la politique culturelle :
    • Aux côtés de Marcel Hicter, il a participé à la mise en œuvre du plan Wigny et à la création des premiers centres culturels, des infrastructures qui ont profondément démocratisé l'accès à la culture.
    • Il a ensuite créé le Service de l'Audiovisuel, témoignant de son intérêt pour les nouveaux médias et leur rôle dans la diffusion de la culture.
    • Après avoir dirigé plusieurs cabinets ministériels, il accède aux plus hautes fonctions, devenant directeur général de la Culture puis secrétaire général de la Communauté française.
    • Son implication dans le domaine du cinéma Belge fut très importante, et grâce a cela un prix cinématographique porte son nom.
  • Un fédérateur et un visionnaire :
    • Son style de leadership, basé sur le dialogue et la concertation, lui a permis de rassembler des acteurs aux intérêts parfois divergents autour de projets communs.
    • Il a joué un rôle déterminant dans la structuration et le développement des institutions culturelles, en veillant à leur pérennité et à leur adaptation aux évolutions de la société.
    • Il a également été un ardent défenseur de la diversité culturelle, en soutenant les initiatives favorisant l'inclusion et l'accès à la culture pour tous les publics.

Un héritage durable

  • L'action d'Henri Ingberg a permis de consolider un réseau dense et dynamique d'institutions culturelles, qui continuent de jouer un rôle essentiel dans la vie culturelle de la Communauté française.
  • Son engagement en faveur de la démocratisation de la culture et de la promotion de la diversité reste une source d'inspiration pour les acteurs culturels d'aujourd'hui.
  • Son travail dans l'audiovisuel ont permis une évolution et reconnaissance du cinéma Belge francophone a travers le monde.